samedi 22 novembre 2008 | By: Mickaelus

Être français, une histoire de fidélité à un héritage

Si je me propose cette réflexion, c'est en premier lieu parce que les conditions requises d'après la légalité républicaine pour être français ne me conviennent pas, en ce qu'elles ne peuvent correspondre au contenu comme aux fondements de la civilisation française. Il ne s'agit donc pas ici de se limiter au cadre légal actuel, de se poser la question selon la seule problématique de l'immigration et du problème posé par les sans-papiers : le savoir être français aujourd'hui est un problème qui concerne aussi bien ceux qu'on qualifie de Français de souche - et peut-être en premier, puisque ce sont eux qui acceptent décennie après décennie la destruction toujours plus poussée du patrimoine français.

Il me paraît difficile de définir en quoi consiste être français sans avoir une idée au moins assez précise de ce qu'est la France, car si on est français, c'est par rapport à la France en tant que civilisation, pas simplement parce qu'on est né sur un territoire qui s'appelle France (ou parce qu'on y a été naturalisé). Même si vivre en France est une qualité qui paraît assez évidente pour être français (comme on est parisien si on vit à Paris), il n'en reste pas moins que cette qualité est loin d'être suffisante en ce qui me concerne au niveau de la nation et encore plus de la civilisation ; tout se joue d'abord sur les valeurs.

Aujourd'hui le terme de français me semble galvaudé, pour dire les choses clairement, et ne pas correspondre à l'attitude de la majorité des citoyens de la république ; le terme de républicain serait plus juste, et parfois même aucun terme ne serait opérant puisque dans notre société fragmentée à l'excès et donc individualiste, les gens ne trouvent plus guère de référent global pertinent - à peine sait-on aujourd'hui si selon le politiquement correct on devrait être plutôt "français" (comprendre républicain) ou européen voire même citoyen du monde.

De fait, les citoyens sont républicains et non français s'ils se reconnaissent fidèles aux principes et aux institutions républicaines qui se sont construites par opposition aux valeurs de la civilisation française. Quelles seraient donc les valeurs et les fondamentaux de la civilisation française, qui nous permettraient de prétendre au titre de français au niveau moral par notre fidélité ?

D'après moi, la France, en tant que civilisation - car en tant que nation au sens strict il faudra l'accomplissement de l'unité capétienne pour que le territoire conquis par Clovis soit enfin vraiment unifié - prend la suite de l'Empire romain, qui présentait un mélange de valeurs hellénistiques, romaines et catholiques puisque l'Empire à sa disparition est catholique ; la civilisation française prend alors naissance par le baptême de Clovis à travers l'union du trône et de l'autel qui devient sa structure minimale et irréductible. Il faut donc noter d'une part qu'avant l'avènement de Clovis il n'y a pas de France en tant que civilisation, et que, d'autre part, la monarchie catholique est le référent minimum, puisque jamais jusqu'à Louis XVI il ne sera remis en question.

Etre français, au niveau de la civilisation, c'est donc d'abord une question de fidélité : on est pleinement français quand on se reconnaît comme partie du grand corps que structure la monarchie catholique française et qu'on ne remet aucunement en cause cette vérité de la nation française, ce sans quoi on est un rebelle et un anarchiste. Au niveau religieux, s'il est évidemment préférable d'être catholique et issu du peuple français d'origine, il me semble que toute personne qui pratique une religion non sectaire, dont la religion est clairement minoritaire sur le territoire et dont les fondamentaux n'impliquent pas la remise en cause de la monarchie française catholique peut être française - cela exclut de fait la possibilité pour un musulman d'être français.

Cette fidélité au niveau de la civilisation doit être complétée par une fidélité au niveau politique, en référence à l'œuvre d'unité accomplie par les Capétiens et aux lois fondamentales qui se sont définies avec pragmatisme au fil des siècles dominés par la royauté française. Cela implique la reconnaissance du roi légitime, Mgr. le duc d'Anjou, dit Louis XX, aujourd'hui, comme celle du drapeau blanc des Bourbons, supplanté par le drapeau bleu blanc rouge des révolutionnaires.

Être français, en somme, pour moi, c'est la qualité principale du légitimiste : la fidélité aux principes de la civilisation française et aux lois fondamentales du royaume de France.